Premièrement, je ne dirais pas que j'ai un caractère de merde, je dirais que je sais ce que je veux. C'est différent. J'ai tendance à être extrêmement pointilleuse et ne pas tolérer la moindre erreur. Si je peux le faire à la perfection, tout le monde le peut, non ? Perfectionniste dans mon métier comme dans ma vie privée, j'ai du mal à me lâcher, à me laisser aller sans penser aux conséquences, au grand damne de mon petit frère, qui me trouve rigide et coincée.

Je sais m'amuser, lors de soirée en club par exemple. J'aime m'enivrer, oublier mes responsabilités et ne plus penser à rien, enfin, presque. J'aime séduire, j'aime être séduite. Au travail, j'aime diriger, que mes employés me craignent et avec les hommes, lorsque je joue, c'est la même chose. Pourtant, lorsque je tombe amoureuse, ce qui n'est arrivé que de très rares fois, je deviens aussi douce qu'un chaton. Si l'on me trahit, cependant, je deviendrais la pire des lionnes et ne serais pas satisfaite avant d'obtenir vengeance.

Je tiens à mes amis comme à des trésors, je protège mes cadets, je surveille mes aînés et ce depuis toujours. Sans doute est-ce parce que mes parents m'ont toujours laissé la garde de mon frère. Je suis aussi quelqu'un de très démonstrative. J'aime les câlins, j'aime les bisous et les coréens ont bien du mal à comprendre ce trait de ma personnalité. Il va pourtant falloir qu'ils s'habituent, parce que je ne compte pas vraiment changer.

Née à Los Angeles de parents tout deux coréens, j'ai grandi dans le mélange parfait des deux cultures. De ma vie américaine, je garde la liberté d'expression, la proximité avec autrui et la confiance en moi. De mon éducation coréenne, j'ai appris le respect, l'assiduité et un besoin irrépressible de réussir.
Mes parents ne sont pas aisés, mais ils ne sont pas à plaindre non plus. Enfant, j'ai été choyée, gâtée puis, à la naissance de mon frère, six ans après la mienne, j'ai été responsabilisée. Mes parents travaillent tout deux dans le milieu de la mode, mon père est photographe et ma mère maquilleuse, autant dire que leurs horaires n'étaient pas réguliers. Très vite, ils m'ont donc appris à m'occuper de mon frère et de moi-même. Je devais faire mes devoirs seule, je devais être responsable de ma réussite. Certains enfants se seraient sans doute rebeller, comme mon frère, mais moi j'ai trouvé là l'occasion de les rendre fiers de moi et à chaque compliment, j'avais envie de faire mieux.

Jusqu'à mes dix-huit ans, j'ai suivi une éducation standard, j'étais toujours la première de ma classe, une des meilleures de mon année. J'ai été élue comme représentante de ma classe durant toute ma scolarité lycéenne et j'ai adoré l'attention que cela m'apportait. Je suis ensuite partie suivre des études en cosmétologie. Au-delà de la réussite, j'ai toujours été passionnée par le maquillage, je voulais créer ma propre ligne. J'ai dû travailler comme serveuse pour payer mes études et bien que ce métier, au vu de la relation clientèle, ne soit pas fait pour moi, je me suis donné à cent pour cent. D'autant plus que j'ai eu mon frère à charge, celui-ci étant en conflit perpétuel avec mes parents j'ai en effet décidé d'emménager avec lui. Il fallait que je prenne soin de moi, il fallait aussi que je prenne soin de lui.


Malgré les difficultés, j'ai finalement obtenu mon diplôme et j'ai décidé de retourner dans le pays de mes parents pour créer ma ligne. Je trouve les produits plus élaborés en Asie, c'est pour ça que j'ai choisis de m'expatrier. Bien sûr, j'ai dû traîner mon frère avec moi, puisqu'il ne sait pas se débrouiller sans sa sœur. Bien que j'ai eu de nombreuses inquiétudes à son sujet, il m'a épaulé pendant les deux longues années durant lesquelles j'ai dû me battre pour que ma marque soit reconnue.

Aujourd'hui, « Sugar » est une des marques de cosmétiques les plus reconnus du pays et je commence même à exporter certains de mes produits. Jamais je n'aurai pu en arriver là sans le soutien de mes parents et l'aide de mon frère. Pour eux et pour moi, je passe le plus clair de mon temps à m'occuper de mon bébé. Je n'ai pas vraiment de temps libre, ou plutôt je ne le prends pas. J'ai trop besoin d'un contrôle permanent et parfois, j'en oublie presque que je ne suis qu'un humain.