Tenue du jour

Je n’étais pas du genre à beaucoup traîner dans les rues de Séoul la nuit. Il faut dire qu’après y avoir vécu une petite partie de ma vie, je ne voyais plus du tout la ville du même oeil. J’y vue des choses que je ne devais pas voir pour mon jeune âge, j’y ai fait des choses que j’aurais préféré éviter pour ma propre fierté et amour propre, mais j’osais espérer que je devais vivre toutes ces horribles expériences pour me construire en tant que femme

Naïvement, je pensais très souvent que maintenant j’avais souvent tout connu ; la honte d’avoir été beaucoup trop faible, la tristesse de choix difficile dans ma vie personnelle… J’étais presque à l’abri de tout et cessant de s’abattre sur mon sort. Je ne craignais pas une simple conversation lorsque un homme qui m’abordait dans la rue. Je n’étais pas encore parano. Mais le voir énormément insister, devenant de plus en plus lourd ne me rassurait pas des masses. Lorsque la violence fit son entrée dans cette scène, je savais que je comprenais enfin que je n’étais pas à l’abri et je ne serais jamais à l’abri. Je restais vulnérable, et ce, malgré ce fort caractère qui faisait ce que j’étais, je restais vulnérable. Je le sentais prendre mon poignet d’une certaine force, une force contre laquelle je ne pouvais pas lutter, il fallait être réaliste. Un mur de parpaings refroidissait mon dos. Je me tétanisais instantanément lorsque je me rendais compte de la suite des événements. Je voulais bouger, crier, mais cette peur constante que je pensais avoir enfouie à tout jamais en moi refaisait surface. Je tremblais et instinctivement, mes larmes coulaient le long de mes joues. Je redevenais cette gamine de 12 ans qui était incapable d’aller à l’encontre de ce qu’il l’attendait. Comme il y a huit ans, personne ne sera là pour m’aider et je vais devoir encore emporter un énième abus dans ma tombe. Je regrettais sans cesse de ne pas avoir été forte à l’époque, mais aujourd'hui c’est encore plus le cas en sentant devenir un peu plus insistant avec les courbes de mon corps. Une vive douleur dans mon coeur renaissait devant ma vulnérabilité

Tenue du jour

Je ne voulais pas me laissais faire, mais je ne savais pas si j’étais capable de me défendre ou quelconque rébellion. Je ne cessais pas de me dire que ceci ne ferait qu’aggraver la situation. Je l’avais appris à mes dépens. Je n’étais que victimes que d’un cercle vicieux dans lequel je ne pouvais pas m’échapper. Je fermais mes yeux, pleurant de plus belle, comme m’abandonnant à mon sort. Très rapidement, je fus libérée de mon emprise, sous l’ombre d’une silhouette que je connaissais… Même un peu trop bien. Rien que d’entendre le timbre de sa voix, un frisson, différent de celui que j’avais resentit plus tôt m’envahissais

« Tae Joon… »

Je ne me rappelais plus la dernière fois que j’avais prononcé son nom, ou même encore que je l’avais vu. Enfin, je ne préférais pas m’en souvenir puisque me détacher de lui à juste était difficile lorsque nous avions décider de mettre un terme un notre relation. Je pensais que personne ne viendrais me aider. Et Tae Joon était sûrement la dernière personne que je pensais voir ici. J’étais toujours incapable de bouger. La peur, continuant de me tétaniser et puis, je ne voulais pas risquer d’être une victime collatérale de Tae Joon. Au temps où nous étions ensemble, il me mettait déjà à l’écart de son travail, pour ma sécurité. Aujourd’hui je comprenais enfin pourquoi. Depuis que je le connaissais, je ne l’avais jamais vu faire preuve d’une telle violence et colère. J’aurais tellement aimé qu’il me protège de cette façon il y a douze ans. Je sais que les choses auraient bien différentes. Vraiment différente. Je regardais brièvement mon agresseur avant de me laisser glisser contre le mur. Mes larmes reprennent de plus belle, s’abattant à torrent sur mes joues

« Tae Joon, j’ai eu tellement peur…Il, il aurait… »

Mon coeur se compressais dans ma poitrine. Le mot ne sortait de ma bouche. Il savait très bien de quoi je parlais. Bien évidemment, il était le seul a qui j’avais évoqué mes multiples abus sexuels. Je me sentais presque obligée de lui en parler au vu de cette relation plus fusionnelle que nous avions tissée. Je retrouvais la force de bouger, seulement pour passer mes bras autour de sa taille, le serrant le plus possible contre moi - enfin ce serait plutôt l’inverse. Ma tête s’enfouissait dans son dos, comme si je recherchais un refuge désespérément

« Merci…. Je te remercierais jamais assez pour ce que tu viens de faire »

Tenue du jour

Toute ma vie, j'ai essayé d’échapper à ça, de revivre le même traumatisme qui m’avait détruite quelques années auparavant. Je devais faire pitié avoir dans la position dans laquelle j’étais. Une vraie loque. Mais heureusement que c’était sur Tae Joon que je suis tombée. Il m’avait déjà vu dans cet état plus d’une fois et a toujours su me protéger et me réconforter.

Arrivés chez lui, je me rendais compte que rien n’avais changé. Son appartement était tel que dans mon souvenir. J’aimais m’y réfugier auparavant. Mais plus le temps passait et ses absences faisaient, je me sentais de moins en moins à ma place. Je souffrirais de cette solitude…. Acceptant volontiers sa proposition, je m'installais sur le canapé

J’attendais patiemment que le jeune homme me serve. Quand il revenait à mes côtés, ses dernières paroles me tiraient enfin un sourire. Des enfants… J’avais abandonné ce rêve depuis le premier jour ou mon père adoptif a osé me toucher. Mais je mentirais si je ne disais pas que j’avais une once d’espoir quand je suis tombée amoureuse de Tae Joon. Mais le destin a su se jouer de moi

« Je ne sais pas s’ils ne sont pas tous comme ça. »

Tae Joon était une exception. Il avait réussi à me redonner confiance en moi, m’aider à devenir la femme que je suis actuellement.

« Mais pourquoi ils veulent toujours me forcer à faire ce qu’ils veulent de moi. »

Je ramenais mes jambes contre ma poitrine avant de les coincer entre mes bras. J’avais l’impression que ma voix s’éteignait doucement.

« Je n’ai jamais compris pourquoi il m’avait fait ça… »

Je ne parlais pas de l’homme d’aujourd’hui, non, de celui qui a osé me toucher la première fois. Il arrivait de vouloir, le retrouver et lui demander des explications. Mais d’une autre par, je n’ai plus jamais envie de revoir son visage. Je ne sais pas de quoi je serais capable si je l’avais en face de moi. Je me levais finalement pour finir par le rejoindre dans la cuisine. Mes bras ceinturaient sa taille de le peu de force que j’avais tandis que je me blottissais contre son torse

« Tae Joon… Reste avec moi ce soir. S’il te plaît… »

Peut-être que ce que je lui demandais était impossible. Son travail prend beaucoup de son temps alors il n'en a peut-être pas à m’en consacrer. Mais je ne voulais pas rentrer chez moi dans cet état et subir un interrogatoire de ma famille.

« Il y a qu’avec toi que je me sens vraiment en sécurité. »

Ce n’était pas que des supplications. C’était véridique. Je me suis toujours sentie protégée avec lui. Il fallait avouer qu’une partie de moi était sûrement et toujours aussi amoureuse de lui comme au premier jour...