Eun Ji, c’est la détermination incarnée. Lorsqu’il épingle une idée ou un but à atteindre, il donne tout ce qu’il a au cœur. Perfectionniste, il fait les sacrifices qu’il faut et reste fixé sur le résultat qu’il veut obtenir. Les embûches ne le stimulent que davantage et maintes personnes ne s’attendent pas à découvrir en lui un jeune homme aussi entêté. Ce trait qui domine majoritairement son caractère ne l’empêche pas d’avoir une grande empathie et un sens de l’attention développé. Eun Ji, c’est le gars solitaire qui prend discrètement soin des autres  à tout moment; une parole réconfortante par ci, un coup de main par là, un geste d’affection prudent. Si son romantisme et son petit côté distrait se devine rapidement au premier coup d’œil, s’en est tout autrement de son hypocrisie et de sa susceptibilité. Dans son ancien milieu, il fallait savoir mettre dans sa poche les bonnes personnes et ça, le mannequin l’avait compris bien assez tôt. Son petit mordant bien caché est toutefois difficile à contenir dans certaines circonstances, mais Eun Ji ne s’en inquiète guère. Derrière les caméras comme devant, il était conscient de son charme et de l’attraction qu’il dégage encore aujourd'hui. S’il se montre parfois jaloux, ce n’est pas pour envier ce que les autres possèdent, mais bien par peur de perdre ceux qu’il aime. D’ailleurs, cette nuance de sa personnalité lui a déjà apporté quelques ennuis dans sa précédente relation.

Eun Ji connaît Paris comme le fond de sa poche depuis de longues années. Pourtant, il est né à Busan, en Corée du Sud, et en tire ses origines. Jusqu’à l’âge de ses huit ans, il grandit en Asie de l’est avec ses parents et son frère aîné. Enfant studieux et à son affaire, il fait parti des premiers de classe et des derniers de la clic. De plus, son prénom unisexe plutôt employé pour la gente féminine attire les moqueries de certains. Ainsi, dès son plus jeune âge, Eun Ji démontre sa préférence à se valoriser de par son travail plutôt que par l’image qu’il projette. Ce qui en soit est assez comique puisqu’à peine arrivé en France, il se verra recruté en tant que mannequin.

Alors qu’Eun Ji a huit ans, ses parents divorcent et sa mère quittent la Corée du Sud pour la France afin d’exercer son métier d’enseignante en langue étrangère. Bien plus près de sa mère que de son père, Eun Ji l’accompagne et il y passera les douze prochaines années. Sur le sol européen, il s’adapte rapidement grâce à sa détermination et son habitude à donner son cent-dix pourcent. Maîtrisant déjà les bases de l’anglais, il commence l’apprentissage du français et s’intègre facilement au mode de vie des parisiens. C’est seulement quelques mois après son arrivé que le mignon Eun Ji de neuf ans se fait remarquer dans un centre commercial, là où un casting plus ou moins officiel se déroule.

Pendant son éducation en France, Eun Ji se fraye un chemin parmi les plus jeunes mannequins qui s’élèvent dans le milieu. Au fil des ans, il enchaîne les shootings de mode, les publicités en magazine et à la télévision, puis vient à décrocher des contrats plus ou moins longs avec certaines marques. Même si sa mère n’est pas enchantée de le voir évoluer dans un tel milieu, Eun Ji ne baisse pas les bras et lui prouve qu’il peut faire autre chose; photographie, tennis, soccer, troupe de spectacle scolaire… Il ne manque pas une chance de se propulser vers l’avant et convaincre sa mère de le laisser œuvrer comme il l’entend. Et c’est ce qu’elle finit par accepter, à condition qu’il n’échoue aucun cours. Jamais.

Eun Ji tient sa promesse et devient un visage connu dans le milieu du mannequina. C’est presque une première au pays; il pleut des offres sur le jeune talentueux aux origines asiatiques comme s’il était le nouveau David Beckham des spotlights. Si tout allait bien, le non-renouvellement de son contrat en a choqué plus d’un. Officiellement, Eun Ji quitte le monde de la parade pour des raisons personnelles. Officieusement, il refuse de se plier à la diète très stricte qu’on veut lui imposer. Auparavant, il avait déjà accepté de passer plus de temps en salle d’entraînement pour éviter la prise de poids suite à son grand appétit et son amour pour la nourriture. Mais se voir contrôler aussi intensément ne plaisait pas et après de vives discussions avec son manager, abandonner était la seule option.

Les gens l’ont mal pris. Eun Ji, lui, y a vu une occasion de se refaire, de se redécouvrir. Aux côtés des meilleurs professeurs en pâtisserie, il apprend pendant deux ans l’art de se sucrer le bec. Appliqué et méticuleux lorsqu’il est en cuisine, Eun Ji prend plaisir à refaire sa carrière. Lorsque sa mère décide de retourner en Corée du Sud pour y enseigner le français, l’ex-mannequin n’hésite pas à retrouver son pays natal. Et c’est avec une petite partie de son argent en banque qu’à peine arrivé à Séoul, il s’ouvre un café-pâtisserie. Il y propose des recettes très européennes, mais aussi coréennes et s’amuse à en tirer le meilleur des deux partis. Tout compte fait, quitter le milieu du mannequina ne l’aura pas choqué plus que cela.