Peasants are so rude...

FT. Hae Young

C’était une journée comme tant d’autres pour Jae Sun. Des exigences, des cours, une volonté de s’enfuir du cercle vicieux dans lequel il se trouvait enfermé depuis de nombreuses années. Rien ne parvenait à lui faire oublier cette sensation d’être maintenu au sol par des ailes bien trop lourdes pour lui permettre de voler. Ses parents essayaient de lui faire comprendre ce qu’il valait. Ce qu’ils pensaient de lui. Il était bon, il était l’enfant rêvé, celui que tous les parents auraient rêvé d’avoir. Pourtant, au fond de lui, le pianiste ne parvenait à s’accorder totalement à leur opinion : il était différent, ne cherchait pas cette perfection qu’ils souhaitaient. Il aimait autre chose. Était-ce trop demander que d’avoir envie de vivre ?

Pour oublier le stress d’une journée un peu trop longue et ennuyeuse, Jae Sun avait pris la direction d’un café qu’il connaissait bien. C’était un endroit où il se rendait assez régulièrement, habituellement en compagnie de ses parents qui l’aimaient énormément. Il ne pouvait être lui-même. Comme c’était toujours le cas, il portait ce masque un peu trop sérieux et sévère que les Kim lui avaient transmis. Il était souriant, mais ce sourire était poli, ne valait strictement rien. Son regard, lui, mentait peut-être un peu trop.

Sans attendre, une fois qu’il avait pris place à la table qu’ils occupaient généralement lorsqu’ils se rendaient dans l’établissement, Jae Sun s’empressa de héler une demoiselle qui circulait entre les tables afin de passer commande d’un café avec toute l’autorité nécessaire. Il en avait bien besoin pour retrouver un peu d’énergie, compte tenu de la journée qu’il venait de passer. Monotone, sans accent, une mélodie qu’aurait pu reproduire n’importe qui, tant elle était commune. Il détestait ce genre de jour, ceux où il ne se passait strictement rien et, d’un autre côté, il les préférait amplement à ceux où il se produisait trop d’événement troublant. Il avait largement eu sa dose d’originalité avec ses quelques rencontres avec le surveillant de nuit de l’université.

La commande passée, il s’installa un peu plus confortablement dans son siège, posant le regard sur l’énorme montre qu’il portait au poignet avant de fouiller sa poche. Idiot. Son portable n’était pas là, il le savait bien. Un soupir lui échappa à cette pensée : allait-il réussir à le retrouver un jour ? Ça l’énervait rien que de penser qu’il l’avait perdu. Il se sentait tellement bête. Et si quelqu’un avait fouillé à l’intérieur ?